Pourquoi pratiquer des tarifs en fonction des revenus ?

Sur les interventions en Méthode Poyet, Cap santé fait le choix de tarifs en fonction des revenus. Certains de nos partenaires ont été étonnés que nos actions ne soient pas tournées exclusivement vers les personnes précaires. Nous nous en expliquons :

La précarité touche de plus en plus les classes moyennes

La précarité n’est plus réservée à un groupe social isolé. Elle est distribuée aujourd’hui sur des segments plus larges de la société, touchant les classes moyennes .

Les données récoltés par l’INSEE en 2010, révèlent que 17 % des personnes à revenu modeste (entre 900 euros et 1500 euros par mois) sont considérées comme pauvres au regard de leurs conditions de vie. Elles peinent à faire face à leurs dépenses en raison de l’insuffisance de leurs ressources. Leur accès aux soins est devenu problématique.

Le niveau de revenus : avant tout, ne pas stigmatiser

Beaucoup de préjugés sont tenaces envers les personnes en situation de pauvreté. elles sont perçues comme feignantes, profitant des minima-sociaux, voir fraudeuses. Avoir l’étiquette « précaire » est difficile à porter. C’est pourquoi nous avons décidé de faire de la question économique une question subsidiaire. La personne est accueillie avant tout comme un patient, sans obligation de venir dans des créneaux horaires spécifiques ou de justifier en début de séance de sa situation financière. La question monétaire vient après le soin, comme dans une consultation classique. L’affichage et l’explication des tarifs en fonction des revenus aide à déculpabiliser le patient : les riches donnent en fonction de leur moyen, les pauvres aussi. trieves

Le milieu rural, loin de l’anonymat des grandes villes

A la campagne, venir se faire soigner dans un lieu uniquement dédié aux personnes précaires peut être ressenti comme une honte. Loin de l’anonymat des grandes villes, certaines personnes optent pour une absence de soins plutôt qu’un rendez-vous dans un dispensaire. Le dispensaire de Lasalle ( Cévennes), situé en milieu rural, a relevé le plafond de revenus pour l’accès au soin, suite à la difficulté de certains habitants à venir dans un lieu étiqueté « pour les pauvres ». Cette mesure a permis aux plus démunis de venir au dispensaire car ils se sentaient moins stigmatisés. La patientèle à revenu plus important, elle, n’a pas augmenté. Cette expérience à renforcé Cap Santé dans ses choix.

Tarification

Dans cette logique, Cap Santé a défini trois catégories de patients : les personnes ayant de l’argent, les personnes ayant peu d’argent et les personnes percevant les minima-sociaux ou ayant des difficultés financières particulières. Les définitions et données fournies par l’Insee ont servi de base pour définir les honoraires.

Personnes ayant de l’argent  revenus nets d’une personne seule > à 1500 euros

Le tarif est fixé à 50 euros la séance, ce montant est le tarif en vigueur dans le Trièves.

NB : Pour définir ce qu’est une personne sans difficulté financière, nous avons pris le montant du revenu perçu comme nécessaire pour vivre.

Personnes ayant peu d’argent  revenus nets entre 800 et 1500 euros

Les tarifs sont fixés entre 15 et 30 euros. Cette fourchette permet au patient d’adapter le montant de sa contribution à sa situation.

NB : 800 euros est le montant le plus bas du seuil de pauvreté.

Personnes percevant les minima-sociaux ou ayant des difficultés financières particulières

Le prix des séances est entre 5 et 15 euros pour les personnes les plus précaires. Cette fourchette permet au patient d’adapter le montant de sa contribution à sa situation.

NB : Les données de l’Insee révèlent que l’intensité de la pauvreté est en nette augmentation : la moitié des personnes pauvres vivent avec moins de 784 euros par mois en 2015. Ce pourcentage, en euros constants, n’avait pas été aussi bas depuis 2006.